FRACAS
Saison automne - hiver 2024-2025
I - Intrigue
Fracas marque la première création originale de l'ONM. D’une durée de 40 minutes, cette œuvre naît d'une question fondamentale : comment réinventer la forme orchestrale ?
Pour y répondre, nous avons exploré de nouveaux territoires sonores en intégrant des bruitages acoustiques, en déconstruisant les partitions traditionnelles, en réorchestrant et en mettant en scène la musique.
Ce projet se veut être une véritable expérimentation, un langage musical inédit bâti sur des codes novateurs, à la croisée de la musique et du théâtre. Au cœur de cette création se trouve une histoire, pensée comme la colonne vertébrale du spectacle ; dans un contexte où la crise climatique est trop souvent ignorée ou minimisée, Fracas prend la parole pour dénoncer l'inaction des responsables et des pouvoirs en place.
Chaque œuvre du programme constitue un tableau vivant, où les pièces musicales deviennent à la fois personnages et décors de cette lutte invisible.
La musique de Fracas raconte le combat entre une classe dominante, incarnée par les musicien·ne·s du Printemps de Vivaldi, et une humanité en souffrance. La bourgeoisie déconnectée et violente, figée dans une vision déshumanisée, est opposée à celleux qui face à la catastrophe passent du désespoir à la révolte, renversant dans un Mars (Gustav Holst) déchaîné le pouvoir en place.
L'orchestre devient la voix de cette humanité, unie dans un désir de renouer avec la nature et de restaurer l'harmonie entre l'être humain et son environnement.
À travers Fracas, nous invitons le public à plonger dans une expérience immersive et émotionnelle, pour réfléchir à notre responsabilité collective face à l'urgence climatique et à l’insouciance d’un “ancien monde” impassible à la crise environnementale.

II - Processus créatif
Le volet Fracas a débuté par une résidence de création en août 2024. Ce temps de travail a permis de construire la trame narrative, de sélectionner les œuvres musicales, d’imaginer leur découpage et leur réorchestration afin qu’elles incarnent au mieux l’histoire que nous souhaitions raconter collectivement.
Les premières répétitions en octobre ont servi de laboratoire : mises en situation, expérimentations de déplacements dans l’espace, retours techniques des musicien·ne·s.
L’équipe artistique a réajusté arrangements, orchestration et structure au fil des retours, démontrant un véritable dialogue entre écriture et interprétation.
Une fois les éléments stabilisés, une équipe de gravure a uniformisé les partitions dans un livret unique pour faciliter la lecture et le travail de l'ensemble.

III – Représentations
Fracas a été présentée cinq fois : quatre représentations à l’Académie du Climat (en décembre, janvier et février), et une à l’UNESCO dans le cadre de l’Université de la Terre. La toute première, sans programme ni titre annoncé, a marqué les esprits : le public, attiré par la promesse d’une expérience intrigante, a témoigné d’un fort engagement, validant notre capacité à susciter curiosité et intérêt autour d’un projet musical inédit.
La représentation à l’UNESCO a demandé une adaptation complète, tant à la salle qu ’au thème de l’événement : «Nous savons. Et maintenant, que faisons-nous ?».
Fracas s’est alors réorientée vers une approche plus douce, en résonance directe avec les enjeux de la conférence, et a rencontré un accueil très positif. Au-delà de la performance musicale, Fracas a été une aventure collective : un
orchestre, deux chef·fe·s, une équipe de production et de régie, une équipe de gravure, ainsi qu’une dizaine de bénévoles engagé·e·s ont contribué à faire exister ce projet.
Au total, près de 2000 spectateur·rice·s ont assisté à cette série de cinq représentations.

IV – Retours d’expérience
“Tellement fier d'avoir pu participer à un projet aussi ambitieux !
Qui l'aurait cru, il y a quelques mois, qu'on arriverait à faire jouer plus de soixante-dix musiciens et musiciennes dans l'une des plus grandes salles de l'UNESCO ? Caché·es aux quatre coins de la salle des siffleurs d'oiseaux ?
Ou encore transporter unanimement une salle de plus de mille personnes ?
C'était un peu un rêve qui a pris forme ce soir là. La suite promet d'être grandiose !”
- Aliocha, bénévole régie et bruitage sur FRACAS
“L’orchestre du nouveau monde pour moi c’est le pouvoir. Le pouvoir qu’on a, tou·te·s ensemble, et le pouvoir
de changer.
Comme le dit l’ancien proverbe : seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.
La cohésion qu’ont les musicien·ne·s quand iels jouent de la musique ensemble c’est déjà un lien fort ancré dans l’écoute et l’expression de chacun et la création ensemble. Mais d’utiliser la musique pour défendre une cause humaine et climatique, un problème qui est ressenti à l’échelle mondiale, et faire passer un message qui est soutenu par la musique et la colère d’être révoltés, là on retrouve la cohésion de groupe.
On retrouve le pouvoir. [...] Au delà que je retrouve un sens pour moi de jouer de la musique, cette musique/ce projet a un sens dans le monde. Et ça c’est énorme.
Non seulement ça me donne une raison d’être dans la vie, car j’ai un combat à mener, ça me laisse aussi exprimer à chaque fois mon amour et mon émerveillement pour cette planète, la nature, l’écosystème.. la planète bleue dans l’espace infini, ainsi que ce phénomène incroyable de la vie qui c’est développer à sa surface, dont l’humanité dont je fais partie.
- Lea, violoniste dans l’effectif symphonique
Photos : Yanis Maqlash, Claire Halouchery, @module_able
